Le bus est plein. La route est longue.
On descend la panaméricaine, la plus longue route du monde, celle qui part d'Alaska et termine sa course en Patagonie, au sud de l'Argentine, à Ushuaïa...
![La Panaméricaine [Costa Rica]](https://images.squarespace-cdn.com/content/v1/55627ff5e4b0b7fb3089a6e4/1539948843096-PSZP38HAG0YOZK6V6IA2/IMG_2673.JPG)
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![Avant la frontière [Pologne-Russie]](https://images.squarespace-cdn.com/content/v1/55627ff5e4b0b7fb3089a6e4/1537549024079-AWDYEAK34OXB2FJN31HN/upload.jpg)
Certaines idées semblent bonnes jusqu'à ce qu'on les mette en pratique. Rouler jusqu'à la frontière russe pour la regarder, de loin, nous enthousiasmait depuis qu'on l'avait décidé. Nous avions choisi la route du nord, pour voir.
Sur la route
L'écriture avec soi
Comme seul bagage
Tout a commencé à Paris, dans un immeuble hausmannien coincé entre le Luxembourg et le Panthéon, à deux pas de la Sorbonne, au coeur du quartier germanopratin. J'avais 20 ans, je ne connaissais rien à la capitale, à la littérature, à la vie, bien plus à l'amour et aux voyages. Elle m'a tendu un livre: lis-le, elle a dit. C'était le Marin de Gibraltar.
Que reste-t-il de moi après chaque roman, à la fin de chaque phrase finale, de chaque mot final, de chaque point final ?
Fin.
Et puis plus rien.
Le saut dans le néant oublié.
Rouler vers l'ouest c'est rouler vers le soleil couchant. Et rouler vers l'ouest sur une autoroute américaine c'est rouler droit sur lui.
Les lunettes fumées ne suffisent plus. Il faut porter une casquette pour ombrager le regard.
Une visière c'est même mieux. Ça descend plus bas sur le front. Ça s'ajuste à la lumière.
A cette heure-ci, sur l'Interstate 40, on ne croise plus que des camions.
Des mastodontes blancs avec des tubes chromés qui crachent de la fumée par-dessus leurs cabines.