Le violoniste

[Carnet de voyage 40 /52 de l'année]

Au-dessus de la ville, il joue.
À l'entrée du château, alors que tous les touristes sont redescendus pour le dîner, dans l'heure rouge qui teinte les visages, les murs, le fleuve tout en bas, il joue.
Seul, devant la grille fermée d'un musée aux murs gravés, sur le trottoir vide, le regard perdu dans les notes, il joue.

Sa musique court sur le square, s'enroule autour des deux arbres, des bancs, danse sur la place au-dessus de la ville.
Il n'y a plus personne ou presque. Il fait encore chaud, pas besoin de manches longues, mais la ville-musée se vide. Les gens sont redescendus vivre au lieu de regarder. Ils traversent maintenant le pont aux statues qui enjambe la Vltava pour prendre des photos à l'heure du crépuscule.

L'Europe entière, le monde entier plutôt, défile sur le pont Charles tandis que le jeune violoniste jette sur la ville des airs à se coucher sur le sol, là, la tête sur le béton, pour sentir enfin la vie passer, et embrasser les passants, et les murs vieux de siècles et les nuages des yeux s'il y en avait.

Le violoniste fait rentrer ses notes jusque dans le sang qui bondit dans les corps, il donne envie de rire et de pleurer, de rester là à l'écouter et ne jamais le quitter.
Sa musique donne vie.
A Prague.

🌟Ce texte est inspiré d'un séjour à Prague à l'été 2018. Il s'inscrit dans le projet annuel "Carnet de voyage" : en 2018, je partage toutes les semaine un texte sur le thème du voyage sur ma page Facebook et ici sur le blog.

🌟 Pour être sûr.e de recevoir les prochains posts, les coups de coeur littéraires et autres surprises: abonne-toi à la Magie des mots: http://eepurl.com/cQLfKP
Tu recevras une fois par semaine une surprise dans ta boite mail

 

Comment