Ça les amusait, en regardant vers les montagnes, vers le Nord, d’imaginer ce qu’il y avait au pied des collines, et plus loin aussi. De l’autre côté du château d’eau, ils ont découvert la mer. Un fin filet bleu qui réfléchissait le soleil.
— Et là-bas ? a demandé Audrey tout sourire. Il y a quoi ?
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mer
Nous sommes assis dans ce salon, trop exigu pour nous tous. Nous rêvons, tous, parfois, à de grands espaces. À prendre l’air. À partir loin.
N’est-ce pas ?
Ça vous arrive aussi, je le sais.
Nous rêvons donc de partir.
À minuit, la ville s’est retrouvée sur la grand place, au pied de la cathédrale. Tous le menton posé sur le clocher, les oreilles tendues vers les cloches. Bientôt. Les mains impatientes trifouillent des sacs en plastique ou en papier, crissements légers. Maintenant.
Sur le bord de la Baltique, il y a une forêt de pins et de bouleaux, des arbres aux corps blancs et aux feuilles légères. Quand le soleil se glisse penché entre les troncs tressés serrés, on disparaît du réel.
On ne pas ressentir la fatigue, malgré le sac lourd sur le dos, malgré la chaleur, malgré la marche, quand on est sur ce sentier-là, quand on fait lien entre deux point de cette île en longeant la mer.
Quand j’arrive sur le quai, j’ai les jambes frêles comme le cœur, tout tremble. La foule s’éparpille entre bus et taxis. La place se vide sauf de la mer et je reprends mon souffle au soleil d’un café coincé contre le flanc de la falaise.
on n'invente pas des noms comme ceux-là
trop longtemps qu'ils existent
mâchonnés par des gens qui n'avaient pas de lettres en main
que la terre en bottes séchées entre leurs doigts calleux
c’était un choix stupide comme on en fait à vingt ans
un choix sans songer aux conséquences, parce qu’on ne pense qu’à l’instant, à l’infini présent
un peu comme on fait l’amour sans préservatif, juste pour la beauté du geste
ou comme on mange du chocolat, jusqu’à en avoir mal au foie
tirer à la courte paille : conséquences inoffensives, conséquences offensives
je ne parlerai pas du jus de la canne à sucre fraichement pressée
je ne parlerai pas non plus de la femme qui m’a lu mon avenir dans le marc de café
ni du pêcheur qui nous a emmenées sur sa barque, qui nous a montré la ville depuis le large
pas non plus de la grande bibliothèque où j’ai tant aimé me promener, celle avec la plus grande salle de lecture au monde
non
je ne parlerai pas de tout cela
Tout a commencé à Paris, dans un immeuble hausmannien coincé entre le Luxembourg et le Panthéon, à deux pas de la Sorbonne, au coeur du quartier germanopratin. J'avais 20 ans, je ne connaissais rien à la capitale, à la littérature, à la vie, bien plus à l'amour et aux voyages. Elle m'a tendu un livre: lis-le, elle a dit. C'était le Marin de Gibraltar.
Je cherche une onomatopée pour te faire vivre l'effondrement des vagues, gueulant de creuver là, sur ce sable, hurlant et chialant toute leur eau contre ce destin misérable. Mais rien ne me vient - rien n'est assez juste. Alors je te laisse seul faire le travail : il faut que tu imagines un grondement sourd, animal...
On l'a appelé Pim.
Pim parce que c'est ce qu'il disait à chaque fois que Laura tombait.
Et Laura tombait souvent.
Déséquilibre émotionnel en diagnostic. Et c'était bien cela: un effondrement dans les émotions.
Elle marchait sur un fil, Laura, et pim! dans la boue de la peur, et pim! dans les marécages du doute. Il fallait l'aider. Et c'était Pim qui s'y collait.
Ce qu'on voit en premier, avant les serviettes éparpillées, quand le chemin de bois arrive sur le sable, c'est l'alignement des pêcheurs. Sur de petits tabourets en plastique, une rangée d'hommes épars s'étire le long du cimetière d'écume, leurs cannes à pêche plantées dans le sable.
J'attends un peu. J'hésite.
C'est plus facile de faire semblant de regarder l'étendue bleue que d'aller parler à un inconnu. Finalement je prends sur moi. Ou plutôt: ma curiosité prend le pas sur moi.
Vous pêchez quoi? - Un peu de tout.
Il me sourit, étonné.